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La journée mondiale d'Alzheimer

21 Septembre

Chaque année, le 21 septembre se tient la Journée Mondiale Alzheimer. Cette maladie neurodégénérative, touchant plus de 50 millions de personnes dans le monde, se caractérise par une altération lente et progressive des fonctions cognitives, ayant des répercussions sur le comportement et la socialisation de la personne. Bien qu’il n’existe à ce jour aucun traitement pour guérir ou stopper la maladie, la prévention par un mode de vie sain au contact de la nature, ou encore le recours aux thérapies non-médicamenteuses, offrent de nombreux bienfaits sur la santé des malades.

Parmi celles-ci on retrouve l’hortithérapie, qui connait un réel essor depuis une quarantaine d’année dans le champ du médico-social. Basée sur le principe de la biophilie (attirance innée des humains envers ce qui est vivant), cette pratique holistique vise à utiliser le jardin, le jardinage, la culture des plantes et la relation avec la nature, afin de répondre aux besoins physiques, psychiques, cognitifs et sociaux des individus. Le jardin devient alors un outil de médiation entre le soignant et le soigné, en même temps que jardin et soigné prennent soin l’un de l’autre.

Selon le psychiatre en gérontologie Louis Ploton, si la maladie d’Alzheimer se caractérise par l’existence de déficits cognitifs, les personnes atteintes gardent des possibilités de perception et d’expression dans le registre affectif (émotions positives et négatives, plaisir et déplaisir, intelligence affective). Celui-ci recommande ainsi d’aborder le malade non pas par le biais de la stimulation cognitive et intellectuelle, mais par ce que nous partageons d’humanité avec lui.

Le jardin thérapeutique, espace au service du lien et de la relation au Vivant, peut ainsi offrir de nombreux bienfaits sur la santé de ces malades. Selon la Fondation Médéric Alzheimer, on observe parmi les effets : un ralentissement du déclin cognitif, une diminution de l’agitation, une augmentation du sentiment de bien-être, l’expression d’émotions positives, ainsi que la satisfaction à s’engager dans des activités en lien avec la nature. Par ailleurs, celles-ci procurent une stimulation de l’élan vital, renforcent l’estime de soi, et permettent d’inscrire l’individu comme sujet de son histoire et de son rapport au monde.

 

« La nature donne vie à l’esprit, qui a son tour donne vie à la nature » Sue Stuart-Smith, L’équilibre du jardinier (2021)

 

Colombe BREGUET, psychologue clinicienne et animatrice aux Carottes Sauvages

Sources :

Ce que nous enseignent les malades d’Alzheimer, Louis Ploton, Chronique Sociale, 2011

L’équilibre du jardinier, Sue Stuart-Smith, Albin Michel, 2021

Article issu du site de la Fondation Mederic Alzheimer : « Intervention non-médicamenteuse et maladie d’Alzheimer – Hortithérapie »

Site de la Fondation Alzheimer : Journée Mondiale Alzheimer 2022 - Fondation Alzheimer (fondation-alzheimer.org)

Alzheimer : Comment ralentir sa progression naturellement ? (santescience.fr)

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Le jardin comme médiation thérapeutique

Au 19ème siècle, le « père de la psychiatrie américaine » Benjamin Rush observe les effets positifs du travail au jardin pour les « aliénés », et dès les années 1950, développe des cours d’hortithérapie à l’université. Bien qu’à l’heure actuelle cette pratique ne soit pas reconnue officiellement en France, celle-ci connait une forte reconnaissance outre Atlantique, ainsi qu’au Japon et en Suisse, où elle n’a eu de cesse de montrer ses bienfaits sur la santé globale (physique, psychique, cognitive et sociale) des individus. En EHPAD, en crèche, auprès des personnes autistes ou victimes de traumatismes, mais aussi au sein des prisons et des centres de réinsertion, cette thérapie non-médicamenteuse connait aujourd’hui un regain d’intérêt dans le champ du médico-social, en même temps qu’elle soulève ce profond « besoin de nature » à l’époque de la crise écologique.

Cette pratique utilise le jardin thérapeutique comme médiation entre le soignant et le soigné. Selon Isabelle Boucq (psychologue et membre de la Fédération Française Jardins Nature et Santé), le jardin s’inscrit comme tiers-soignant : par cet intermédiaire, le soignant va pouvoir retrouver son patient, et le soigné devient soignant du jardin, en même temps que celui-ci le soigne réciproquement.

 

 

 

 

 

Mais qu’est-ce qu’une médiation thérapeutique ? Pour la psychologue Anne Brun (2011), ce dispositif permet au patient de transférer ses contenus conscients et inconscients sur l’objet médiateur, au lieu de les projeter directement sur le soignant. Par ailleurs, les médiations permettent aux patients de décharger et de sublimer leurs pulsions, de développer leur expressivité, leur Soi, de se révéler à eux-mêmes mais également aux autres dans le cadre d’un groupe. Ainsi, le choix de ce dispositif n’est pas anodin, et doit dépendre des caractéristiques perceptivo-sensori-motrices du sujet. 

Parmi les médiations existantes, l’hortithérapie a cela de particulier qu’elle s’appuie sur la biophilie, c’est à dire l’attirance innée de l’humain pour tout ce qui est vivant. Signifiant littéralement « amour pour le vivant », le concept décrit par le biologiste Edward O.Wilson (1984) est considéré comme un processus à l’origine de notre vitalité, nous rendant attentif et créatif. Il n’est donc pas étonnant de constater tous les bienfaits qu’apporte cette pratique auprès des bénéficiaires ! 

 

Colombe BREGUET, psychologue clinicienne et animatrice aux Carottes Sauvages

 

 

Sources :

Brun, A. (2011). Les médiations thérapeutiques. Erès.

Wilson, Edward O. (1986).  Biophilia. Harvard University Press

Présentation Isabelle Boucq – Journée FAMIREA « Les jardins thérapeutiques » (Juin 2022)

Site web : Hortithérapie - Fédération Française Jardins Nature et Santé (f-f-jardins-nature-sante.org)

Hortithérapie
Forêt d'automne
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La biophilie au service du soin

La “biophilie” ou littéralement “l’amour du vivant” est une hypothèse initiée par le psychanalyste américain Erich Fromm dans les années 1960, et développée plus tard par le biologiste Edward O.Wilson dans son ouvrage Biophilia (1984).

Selon le scientifique, il existerait une attraction naturelle et instinctive des humains envers tout ce qui est vivant. Dans son ouvrage, celui-ci définit la biophilie “comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques”, et qu’il explique par “l’évolution de notre cerveau au bout de deux millions d’années […] où les hommes vivaient en bande de chasseurs-cueilleurs, en contact étroit avec l’environnement naturel” 

Cette hypothèse suppose qu’être en contact avec d’autres êtres vivants, animaux ou végétaux, contribue au bon fonctionnement de notre corps et au sentiment de bien-être. Déjà à son époque, la religieuse Hildegarde de Bingen avait l’intuition des liens curatifs entre la nature et l’homme, et évoquait cette “énergie verte” qui flotte autour de nous. Aujourd’hui les scientifiques ont pu prouver que les interactions avec la nature offrent de nombreux bénéfices sur la santé globale. 

  • Au niveau physique, cela permet de réduire la fréquence cardiaque, la pression artérielle ainsi que le taux de cortisol (hormone impliquée dans la réponse au stress).

  • Au niveau psychologique, il a été démontré que cela permet de réduire l’anxiété, les émotions négatives dans la dépression, d’augmenter la vitalité ainsi que les sensations réparatrices (“perceived restorativeness”).

  • Au niveau cognitif, on observe des effets favorables de la nature sur l’attention, la fatigue mentale et la confusion. 

  • Enfin, les chercheurs émettent l’hypothèse selon laquelle les interactions avec la nature offrent une amélioration du bien-être spirituel, un renforcement de la cohésion et du lien social, ainsi qu’une sensibilisation et des comportements positifs en matière d’environnement et de durabilité.

Tous ces bénéfices expliquent bon nombre de nos comportements, comme le fait de vouloir entourer notre habitat de verdure et de fleurs, le jardinage, le goût pour les promenades en forêt etc…Au Japon, le “shinrin-yoku” ou littéralement “bains de forêt” s’est d’ailleurs très largement popularisé dès les années 1980 ! 

Odeurs, sons, lumières, textures…Le jardin potager offre aussi une expérience multi-sensorielle au contact de la nature, venant nourrir cette attirance innée, parfois quelque peu enfouie en nous… En même temps qu’elle permet de prendre soin de Soi, la biophilie devient alors une invitation à prendre soin en retour ! 

 

“Ce que nous appelons sentiment de la nature [est ce] qui nous saisit à l’aspect du ciel, des prairies, des rochers, des forêts, des orages, des étoiles, des mers, des paysages, du printemps” Friedrich Nietzsche (Aurore)

 

Colombe  BREGUET, psychologue et éco-animatrice aux Carottes Sauvages

 

Sources :

Livre : Wilson EO. Biophilia. Cambridge: Harvard University Press 1984. 

Rapport : Sépaq “Les bienfaits de la nature sur la santé globale” : org_icm_rapport_nature_sante_globale.pdf (sepaq.com)

Site : “Santé des Enfants et Environnement” : Biophilie et enfants : comment l' "amour de la nature" favorise la santé (sante-enfants-environnement.com) 

Youtube : La biophilie d’Edward Wilson - L'amour de la nature... chez les enfants ! - YouTube 

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Les bains de forêt : la Nature au service du soin

Le Shinrin-Yoku, ou littéralement « bain de forêt », est une pratique née au Japon dans les années 1980. En introduisant cette pratique, l’Agence des forêts japonaise souhaitait inciter sa population à aller se promener en forêt afin d’éveiller leurs sens au contact de la nature. Il faudra attendre le milieu des années 1990 pour voir apparaître les premières études scientifiques sur les effets du Shinrin Yoku, aujourd’hui reconnue en tant que médecine préventive par le corps médical japonais

 

En 1995, Miyazaki et Motohashi ont été les premiers à mesurer les effets physiologiques de cette pratique. Grâce aux substances chimiques sécrétées par les plantes, appelées phytoncides, les bains de forêts offrent de nombreux bienfaits : renforcement du système immunitaire, baisse de la pression artérielle, du taux de glucose et de cortisol (hormone du stress), diminution des affects dépressifs et de la confusion, amélioration des fonctions cardiovasculaires et du métabolisme, ainsi que de la concentration et de la mémoire, meilleur sentiment de vitalité…

Pouvant durer entre quelques heures et quelques jours, cette pratique offre une expérience multisensorielle : marcher pieds nus, sentir l’odeur du pin sylvestre, s’imprégner des couleurs de la forêt, écouter la faune et la flore murmurer, savourer les herbes ou les fruits glanés…Elle peut également s’accompagner de différentes techniques : méditation, yoga, stretching, pleine conscience, ou encore dessin, gravure…

Au-delà de tous ces merveilleux bienfaits, le Shinrin-Yoku permet également de (re)découvrir la nature, renouer avec celle-ci, cette nature que nous avons tant délaissé…Réapprendre à vivre en symbiose avec elle, de façon harmonieuse et respectueuse. 

 

Si cet article vous a intéressé et que vous souhaitez aller plus loin, voici un peu de lecture pour vous 😉

 

Colombe  BREGUET, psychologue et éco-animatrice aux Carottes Sauvages

Sources :

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